dimanche 22 août 2021

Chefchaouen: l’incendie de forêt entièrement maîtrisé

Cinq jours après son déclenchement, l’incendie qui s’est déclaré dans la forêt de Sgouna (province de Chefchaouen) a été entièrement maîtrisé, grâce à l’œuvre proactive et coordonnée des équipes d’intervention au sol, mais aussi dans les airs, à la faveur d’une action remarquable des avions Canadair.

A la pointe de la technologie, ce type d’appareil dont le Maroc est l’un des rares pays à en posséder des spécimen, constitue un vecteur des nouvelles générations doté d’équipements intrinsèques qui font de lui un moyen performant contre les incendies.



L’incendie de Sgouna a été l’occasion pour ces appareils de démontrer une nouvelle fois toute leur performance et leur efficacité.

Le feu, qui a éclaté dans cette forêt située entre les communes de Tanakoub et Derdara, était déjà sous contrôle depuis mercredi dernier, mais les équipes d’intervention, loin de baisser la garde, sont restées sur les lieux pour faire face à un éventuel retournement de situation.

C’est clair, par ce temps caniculaire, exacerbé par les changements climatiques, la vigilance reste de mise. A fortiori, lorsqu’on connait l’étendue des dégâts causés par les feux récemment dans certains pays du pourtour méditerranéen (France, Grèce, Turquie, Israël, Algérie…)

La vigilance s’impose d’autant plus que la superficie calcinée dans la forêt de Sgouna est estimée à environ « 1.100 hectares, dont 60% sont des espèces secondaires », selon le chef du Centre national de gestion des risques climatiques forestiers, Fouad Assali.

A bien des égards, les dégâts auraient pu être bien plus lourds au vu de la nature escarpée du relief, ponctué par ravins et valons qui compliquent l’accès des équipes au sol au lieu de l’incendie.

Pas moins de 520 éléments ont été mobilisés sur place pour venir à bout des flammes et contenir leur propagation implacable, favorisée notamment par la force des vents, la brousse asséchée et la résine de certaines espèces d’arbres et arbustes (pin maritime, chêne liège, laurier, etc.)

Constamment à l’affût, ces valeureux soldats du feu étaient engagés de jour comme de nuit dans une opération faisant intervenir dans un rare élan collectif une pléiade d’intervenants, allant des Eaux et forêts aux autorités locales, en passant par la Protection civile, les Forces auxiliaires, les Forces armées royales, la Gendarmerie royale, la Direction de la météorologie et l’ONDA.

Mais comment amener tout ce beau monde à jouer très vite la même partition face à l’avancée rapide et inexorable du feu ?

Pour le colonel, Rachid Ghennioui, Commandant d’escadron de lutte anti-feu (ELAF), il n’y a point de secret pour un pays comme le Maroc, fort et fier de sa faune et de sa flore, et très à cheval sur ses ressources naturelles, et particulièrement son patrimoine forestier.

« Le Maroc est doté d’un plan national de protection et de lutte contre les feux de forêt qui définit avec précision le rôle de chaque intervenant et les mesures à entreprendre », a-t-il déclaré à la MAP, lors d’une rencontre avec la presse à l’aéroport Ibn Battouta de Tanger au lendemain de la maîtrise de l’incendie de Sgouna.

Les incendies étant répartis selon leur gravité sur une échelle de 1 à 4, les Forces Royales Air (FRA) interviennent au niveau deux, avec la mobilisation rapide des avions vers les zones sinistrées, suivant une démarche articulée autour de trois piliers : la célérité de l’exécution, la coordination étroite avec l’ensemble des intervenants et la compétence avérée des aviateurs.

Si les équipes techniques veillent au sol à la préparation, à l’entretien et au contrôle des avions pour être prêts au décollage, les pilotes se tiennent sur le qui-vive durant toute la saison des incendies, a-t-il dit, soulignant la clairvoyance de la politique des barrages essaimés sur l’ensemble du territoire national qui permettent l’approvisionnement rapide en eau des avions Canadair.

Il a souligné que la coordination des interventions, la coopération fructueuse et la communication fluide constituent le socle du plan d’action sur le terrain, foncièrement orienté vers la protection des biens et des personnes, et la préservation du patrimoine forestier et de la diversité écologique du pays.

M. Ghennioui s’est félicité de la compétence et de l’expertise technique des éléments des FRA en matière de lutte contre les incendies, des atouts qu’ils ont particulièrement affutés au cours des dix dernières années, au gré de leurs multiples interventions tant au Maroc (feux de forêts dans le nord comme dans les oasis du sud du Royaume,) qu’à l’étranger, notamment en Espagne, en Italie et au Portugal.

Sur cette expertise précisément, le lieutenant-colonel Rachid Alilou, pilote et instructeur sur avion bombardier CL-415, a rappelé que les avions Canadair sont en alerte permanente, tandis que les pilotes et les techniciens sont mobilisés dans les 30 minutes qui suivent.

« Nous travaillons en groupe par patrouille de deux à quatre avions selon l’intensité de l’incendie et la configuration du terrain », a-t-il expliqué.

Dès le déclenchement du dernier incendie de Derdara, a-t-il rappelé, les FRA ont mobilisé quatre Canadairs, la priorité au départ étant de protéger les vies humaines et les biens des populations et l’arrêt de la progression du feu vers les zones habitées.

« Pendant cinq jours, nous avons participé efficacement à circonscrire, puis éteindre, cet incendie, en effectuant 310 largages, soit 1860 tonnes d’eau », a-t-il indiqué, se félicitant que l’opération se soit déroulée « grâce aux efforts combinés des équipages et des différentes équipes au sol sans la moindre perte humaine ».

« Pour la saison 2021, nous sommes déjà intervenus dans 15 incendies dans différentes régions du Royaume et effectué 600 largages d’eau, limitant ainsi les surfacés brûlées », a-t-il fait observer.

Sur les particularités techniques de ces Canadairs justement, Hdidou Iqbal, pilote sur l’avion CL-415, a signalé que sa motorisation puissante et son aérodynamique particulière lui permettent de manœuvrer en aisance à très basse altitude et aux vitesses optimales pour les largages.

Il a, dans ce sens, mis en exergue la « nature amphibie de l’appareil » et son aptitude à remplir ses réservoirs d’eaux de plus de 6100 litres en moins de 12 secondes sur une surface d’eau de 2000 mètres de longueur et 100 mètres de largeur et avec une profondeur de deux mètres.

« Ces caractéristiques qui apportent un gain considérable à l’efficacité opérationnelle permettent d’atteindre des zones de feu lointaines et d’accès difficile », a-t-il affirmé.

Sur le tarmac, une source militaire a confirmé à la MAP l’acquisition par le Maroc « sur Hautes instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Que Dieu L’assiste, Chef suprême et Chef d’État-major Général des Forces Armées Royales (FAR) » de trois nouveaux Canadairs qui viendront étoffer le plan national de lutte anti-feu.

Il s’agit là, de toute évidence, d’un autre geste magnanime qui s’inscrit dans la foulée des initiatives proactives et éminemment visionnaires de Sa Majesté le Roi qui ne cessent de rappeler l’impérieuse nécessité de maintenir l’équilibre délicat entre exigences du développement durable et préservation du patrimoine forestier du Royaume.

Dans l’entretemps, les capitaines et copilotes de quatre Canadairs se sont livrés, sous le regard des photographes et caméras, à un vol de reconnaissance ; le temps de restituer une partie de la pression qui a longtemps pesé sur une zone menacée par les feux à 25 minutes de vol…à l’Est.

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