jeudi 19 mai 2016

Risques naturels: Le Maroc sous le joug du feu et des crues

Le plan anti-incendie enterré et changé par des actions fragmentaires
Gros dégâts des dérogations aux projets immobiliers
Les révélations de la Cour des comptes
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Faire face aux catastrophes naturelles, cela suppose la maîtrise des principales phases: prévention, préparation, intervention d’urgence et reconstruction. Au Maroc, le processus est trop éparpillé entre la pléthore des intervenants
Les inondations et les feux de forêts, deux risques récurrents mais toujours mal gérés. Certes la multitude d’intervenants a permis de développer des approches sectorielles mais le dispositif souffre d’un déficit de coordination. «Du coup, les actions sont éparpillées et se caractérisent par la réaction à la survenance du risque plutôt qu’une gestion intégrée du risque à tous les niveaux: prévention, lutte et réhabilitation», relève le dernier rapport de la Cour des comptes. D’où l’échec des initiatives visant le renforcement de la résilience. A titre d’exemple, l’encadrement juridique de la gestion des plaines inondables fait défaut. De plus, le risque d’inondations n’est pas pris en compte dans les documents d’urbanisme. En revanche, les dérogations concernant les projets immobiliers  sont légion. «Le recours excessif à ce moyen peut être à l’origine de l’amplification de l’exposition aux risques», alertent les magistrats financiers. Selon la direction de l’Urbanisme, entre 1999 et 2013, sur 12.367 projets de dérogations en matière d’urbanisme examinés, 7.451 ont reçu un accord de principe, soit 60,25%. Les régions les plus concernées sont celles de  Marrakech-Tensift-El Haouz, Doukkala-Abda, Chaouia-Ouardigha, et Tadla-Azilal. Casablanca et l’Oriental ne sont pas en reste. L’immobilier concentre 92,5% des dérogations dans l’Oriental, et Casablanca en détient 64%. De plus,  certaines dérogations ont été même accordées  au niveau des zones inondables notamment au long des oueds qui traversent la région de Casablanca-Settat (Cf. L’Economiste du 17 mai).
Au-delà, les réalisations du Plan national contre les inondations (PNI) a inventorié 390 sites exposés dont 50 sont jugés prioritaires. Leur traitement nécessitait un investissement d’environ 25 milliards de DH sur 15 ans. Mais les réalisations restent en dessous des objectifs. A peine 74 points noirs ont été traités sur les 390 identifiés. En ce qui concerne les moyens financiers mobilisés, ils restent également limités. Sur la période 2003-2014, le montant global engagé est de l’ordre de 7,1 milliards de DH, soit 28,4% du budget prévisionnel. Le ministère délégué chargé de l’Eau en a déboursé 4 milliards, les Agences du bassin hydrique, 2,5 milliards,  et les autres intervenants 600 millions de DH (communes, agences de développement).
Le PNI s’est donc focalisé sur les points noirs résultant des crues  (zones susceptibles de submersion d’ouvrages, de coupures de relais routiers, de montée des eaux pluviales ou d’effondrement total ou partiel d’habitations ou d’une quelconque infrastructure). Or, d’après le ministère délégué chargé de l’Eau, il aurait été plus judicieux d’asseoir le diagnostic sur une logique de «zones vulnérables» qui traiterait les causes et les degrés d’exposition aux inondations. Conséquence, l’approche préconisée par le PNI s’est révélée fragmentaire sans lien avec une stratégie de prévention et de protection des zones vulnérables. Pour ce qui est de la lutte contre les incendies de forêts, le PDCI (Plan directeur pour la prévention et la lutte contre les incendies) a été élaboré en 2001. Il a fait suite à la volonté de la plus haute autorité du pays ciblant la mutualisation des efforts de tous les intervenants en vue de mettre en place un cadre stratégique.
Son élaboration a requis l’adhésion du ministère de l’Intérieur, du Haut- commissariat aux eaux et forêts, le ministère de l’Equipement, de la Gendarmerie royale, de la Protection civile et de l’Agence de développement des provinces du Nord  ainsi que de la Conservation foncière.
Ce plan avait prévu plusieurs objectifs,  notamment la sauvegarde du patrimoine forestier et le renforcement des infrastructures, la formation du personnel, la mise en place d’un système de commandement intégré et la sensibilisation des populations. Ces objectifs étaient également articulés autour d’axes telles l’adaptation de la législation relative aux feux des forêts, la mise en place d’une procédure de lutte et d’une cartographie. La planification et le suivi étant  assurés par un comité interministériel permanent.
Pour la réalisation du PDCI, le budget nécessaire était estimé à plus de 2,2 milliards de DH en investissement et 2,7 milliards au titre du fonctionnement. Le tout sur la période 2001-2010. «Sauf qu’aucun mécanisme spécial de financement n’a été adopté», révèle la Cour des comptes. Résultat, ce plan a été abandonné.
Pour le moment, les actions relatives à la lutte contre les feux de forêts se font dans le cadre de contrats-programmes triennaux et décennaux territorialisés. Seulement, les magistrats financiers n’ont pas eu accès à une évaluation détaillée des réalisations du contrat-programme 2005-2014.
 

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