Mardi 28 septembre dans la soirée, environ 300 migrants, en majorité des mineurs, se sont pressées à la frontière sud de l'enclave espagnole de Ceuta. Ils avaient été encouragés par des "fakes news" publiées sur les réseaux sociaux, qui prétendaient un relâchement des autorités.
C’est une fake news qui a tout déclenché. Mardi 28 septembre au soir, des centaines de migrants marocains, pour la plupart des mineurs, ont tenté d’entrer à Ceuta, une des deux enclaves espagnoles située au nord-est du Maroc. D’après le journal local El Faro de Ceuta, ils étaient près de 300. Tous "ont été repoussés par les forces de l'ordre avant même leur arrivée à la frontière", a déclaré à l'AFP Mohamed Benaissa, responsable de l'Observatoire du nord des droits de l'Homme.
"Les services de sécurité ont établi des barrages routiers et interdit aux taxis de transporter des personnes de Tétouan à Fnideq, et d'autres villes voisines, ce qui leur a permis de contrôler la situation", indique aussi le journal. Dans le même temps, une vingtaine de personnes ont tenté un passage par la mer. Elles ont finalement été interceptées par la gendarmerie marocaine.
Une frontière prétendument moins surveillée
Ces candidats à l’exil, originaires de Fnideq, Tétouan et M’diq, se sont fiés à des informations publiées quelques jours auparavant sur les réseaux sociaux et les applications de messageries instantanées. Celles-ci prétendaient que la frontière était moins surveillée, et que les traversées vers Ceuta étaient donc réalisables.
Mardi soir, une enquête a été ouverte par la justice marocaine "pour identifier et interpeller toutes les personnes impliquées dans la diffusion de 'fake news' [fausses informations, ndlr] incitant à l'immigration illégale et prétendant, à titre frauduleux, l'allègement des procédures de contrôle frontalier", a fait savoir la Direction générale de la sûreté nationale marocaine (DGSN).
Le lendemain en début d’après-midi, des groupes de migrants marocains ont de nouveau tenté d’entrer dans l’enclave. Les forces de l’ordre ont été dépêchées des deux côtés de la frontière pour empêcher la centaine de personnes de passer de l’autre côté de la clôture.
Il y a quelques jours, le 26 septembre, la Garde civile espagnole avait arrêté 10 migrants marocains en situation irrégulière. Le groupe tentait de fuir la région de Santa Catalina, une petite île au large de la côte nord de la péninsule de Almina à Ceuta, à bord d'un bateau. Ils ont été transférés au port de la région, et leur embarcation, saisie.
Une traversée courte, mais dangereuse
La minuscule enclave de Ceuta, tout comme celle de Melilla, constituent les seules frontières terrestres de l'Europe avec l'Afrique. Bien que la distance, en mer, soit réduite entre la ville et les côtes marocaines, elle n'est pas sans danger.
"Oui, il y a des tragédies, parce que nager dans cette zone est dangereux. Déjà l’eau est froide et il y a des courants marins trompeurs", expliquait, début avril, à InfoMigrants Mohammed Ben Issa, membre de l’Observatoire des droits de l’Homme au Maroc. Début septembre, le corps d'un homme mort noyé a été retrouvé près de la plage de Tarajal.
Il y a 10 jours, un Marocain de 21 ans, Oussama El Hammoumi, a disparu en mer en tentant d’atteindre l’enclave à la nage, écrit El Faro de Ceuta. Le jeune homme, qui a utilisé de grosses bouteilles en plastique pour rester à flot, est parti de Fnideq avec deux amis : l’un a fait demi tour en chemin et a rejoint la côte marocaine, à cause des courants trop forts, l’autre a réussi à rejoindre Ceuta. Oussama, en revanche, reste introuvable.