La falsification des documents sanitaires a pris beaucoup d’ampleur au Maroc ces derniers temps. Laboratoires privés, médecins, infirmiers, aides-soignants, plusieurs corps de métiers de la médecine sont impliqués dans cette fraude, qui commence à s’organiser en réseaux aux ramifications régionales.
Il est vrai que les laboratoires sont considérablement sollicités pendant toute cette période de recrudescence de la pandémie en raison de la hausse des contaminations, mais force est de constater que les tests frauduleux ou les faux tests ont submergé ces derniers temps la scène sanitaire nationale. Des centaines de cas ont été détectés récemment dans plusieurs régions du Royaume. Une quarantaine de cas sont signalés à Nador, le lundi 30 août 2021 et leurs commanditaires arrêtés par la police.
Le porte parole de la direction générale de la sûreté nationale, Boubker Sabik, a fait état d’un phénomène extrêmement grave qui cherche à saper tous les efforts de l’Etat pour endiguer la propagation du virus. A Oujda, trois médecins, quatre infirmiers et une étudiante stagiaire ont été arrêtés par la police et présentés devant le parquet pour enquête. Leur crime: avoir falsifié une centaine de tests PCR au profit de clients en contrepartie de sommes d’argent importantes. Une somme d’un million de dirhams a été saisie par la police dans le bureau de l’un des médecins arrêtés. La fraude sanitaire a ainsi gagné du terrain pour donner naissance à des réseaux tentaculaires aux quatre coins du Royaume qui cherchent à amasser des fortunes colossales.
Conscients de l’ampleur du phénomène, plusieurs ministres ont tenu, le jeudi 19 août 2021, une importante réunion de crise qui a rassemblé le ministre de l’intérieur, Abdelouafi Laftit, des affaires étrangères, Nasser Bourita, et de la santé, Khalid Aït Taleb, ainsi que tous les corps sécuritaires, dont le patron de la police, Abdellatif Hammouchi, et le patron de la Gendarmerie royale, le général Mohamed Haramou. La fraude sanitaire a pris tellement d’ampleur qu’elle a commencé à s’organiser en réseaux touchant tous les documents sanitaires, dont les tests PCR mais également le fameux pass sanitaire.
Maîtrise de la situation
La réunion ministérielle a tracé une feuille de route pour traquer les
fraudeurs et leur infliger les sanctions les plus sévères. C’est ce qui
s’est traduit dans le dernier communiqué de la présidence du Ministère
public, qui a ainsi appelé les autorités judiciaires à mener une action
vigoureuse contre la fraude des documents sanitaires relatifs à la
Covid-19 (pass vaccinal et test PCR), vu le recours de plus en plus
fréquent à ces pratiques constatées dernièrement au Maroc ou à
l’étranger.
En plus d’être punis par la loi, ces actes sapent les politiques publiques destinées à juguler la propagation de la pandémie, particulièrement les efforts d’élargissement des catégories bénéficiaires de la vaccination et de prévention des déplacements en infraction avec les règlements en vigueur, a souligné la présidence dans une circulaire adressée aux procureurs généraux et aux procureurs du Roi.
La circulaire a invité la police judiciaire à recourir à tous les moyens appropriés pour détecter les cas de fraude des documents en question, à ouvrir des enquêtes en conséquence et à faire preuve de la fermeté nécessaire à l’encontre des personnes présumées impliquées dans ces affaires, dans le strict respect de la Loi. La présidence du Ministère public a exhorté l’ensemble des responsables concernés à mettre en oeuvre ces instructions de manière scrupuleuse et résolue, tout en l’informant des affaires qui leur sont présentées et des difficultés auxquelles ils pourraient être confrontés.
Il est évident que les efforts consentis par le Royaume pour la préservation de la santé et de la sécurité des citoyens et la maîtrise de la situation épidémique, depuis la déclaration de l’état d’urgence sanitaire et les décisions qui s’en sont suivies, visent à endiguer la diffusion du virus, de faire aboutir la campagne nationale de vaccination et, partant, de réaliser l’immunité collective.
Le seul hic: c’est que les autorités judiciaires taisent encore les noms des laboratoires privés impliqués dans la fraude alors qu’elles doivent les dénoncer. Car il y a va sérieusement de la crédibilité du Royaume sur le plan international. Et ce après avoir été cité mondialement comme modèle à suivre en matière de lutte contre la pandémie depuis son éclatement en mars 2020.