Comme d’habitude, les données collectées durant cette semaine permettent de présenter de nouvelles simulations et prévisions pour les prochaines semaines. Les chiffres récents de la “troisième vague” nous forcent, encore une fois, à corriger les simulations de la fin de la semaine dernière. Après que les achats et les retrouvailles de l’Aïd aient créé cette “troisième vague” de l’épidémie, les chiffres actuels semblent montrer que nous serions en train de terminer sa période de pointe de contamination.
A l’échelle hebdomadaire, la coïncidence de plusieurs phénomènes favorables de la semaine du 24 au 30/08 (baisse des actifs résultant de la conjugaison de la baisse des positifs, des décès et de la hausse des rétablis) permet d’espérer que nous sommes à la fin du pic de contamination de cette “troisième vague”. La concentration des cas sur les cinq Régions les plus contaminées recommence à augmenter amorçant une réduction relative de la pression sur les Régions et / ou Provinces faiblement infectées.
Toutes les données ont été quotidiennement mises à jour auprès du site du Ministère de la Santé du Maroc.
TESTS COVID-19
Il s’agit ici de tests dits “PCR”. Depuis dix semaines maintenant, le Maroc teste beaucoup plus que les cas “fortement suspects“. Ceci dit, même la définition des cas “fortement suspects” avait changé depuis la semaine du 18/05 puisqu’on a pu quasiment y doubler le nombre de tests hebdomadaires. Maintenant, on pratique aussi des “tests d’anticipation” qui se font dans les milieux professionnels en plus des “tests précoces” pour les personnes suspectes, qu’elles soient des malades symptomatiques ou des contacts des personnes contaminées (c’est parmi ces contacts qu’on détecte la quasi-totalité des cas des trois dernières semaines).
L’évolution des tests réalisés chaque semaine (bleu clair) ainsi que celle de leur total (bleu roi) sont montrées en Figure 1 (l’échelle du graphique de droite est logarithmique de sorte que chaque carreau représente une multiplication par dix). De début juin à début juillet, le nombre de nouveaux tests hebdomadaires se tenait entre 100 et 120’000 par semaine mais la cadence s’est accélérée depuis début août à un peu plus de 150’000 par semaine en atteignant un total atteignant 1’758’570 le 23/08 représentant un peu moins de 5% de la population. A la cadence actuelle, l’objectif annoncé par le Directeur de l’Epidémiologie au Ministère de la Santé et visant à atteindre 1,8 millions de tests serait sans doute dépassé dès fin Août 2020 (voir graphique de droite de la Figure 1).
Nous saluons de nouveau les performances hebdomadaires réalisées de la part de tous les acteurs qui permettent d’identifier, parfois d’appréhender, de prélever et de tester les personnes concernées. L’effort est d’autant plus appréciable que, pour être déclarée rétablie, chaque personne contaminée subit dont le résultat doit être négatifs : le nombre de tests effectivement réalisés est donc en fait pratiquement le triple de ceux qui sont représentés.
Figure 1 Evolution réelle et simulation journalière (gauche) et hebdomadaire (droite) du nombre de tests
Selon un entretien avec le Ministre des Affaires Etrangères, les limites objectives des capacités de test du Maroc entre 23 et 24’000 quotidiens (161 à 168’000 hebdomadaires) seraient l’une des causes à l’origine de la fermeture des frontières et de l’exigence du test préalable avant d’entrer au Maroc. Récemment, devant l’insuffisance de cette capacité de test face à l’explosion du nombre de cas, le Ministère de la Santé a décidé que le résultat d’un test sérologique préalable devait être positif pour qu’un test PCR de confirmation soit réalisé. Une telle mesure ne peut qu’avoir pour effet d’augmenter le taux de positivité au test PCR.
VISION GLOBALE DE LA SITUATION
Résultats des tests COVID-19
Le graphique de gauche de la Figure 2 montre l’évolution du nombre de tests et de leurs résultats alors que le graphique de droite en montre la structure. La courbe bleue se rapportant à l’échelle de droite du graphique de droite montre l’évolution de la part de la population marocaine testée qui dépasse 5.5% ce dimanche 30/08. Plus on teste, plus on peut isoler de porteurs susceptibles de contaminer leurs contacts et plus on a eu de cas contaminés moins le virus pourra se propager puisque, semble-t-il, une première contamination immunise pendant au moins six mois. Toutefois, l’immunité grégaire ou collectivenécessite qu’une grande part de la population ait été contaminée ou vaccinée, au moins 70% selon l’Institut Pasteur.
Figure 2 Evolution du nombre de tests et de leurs résultats
Segmentation des testés positifs
Le graphique de gauche de la Figure 3 montre l’évolution historique et les prévisions à court terme du nombre de porteurs de COVID-19 dont les décédés, les rétablis et les actifs (en cours de soin) alors que le graphique de droite montre l’évolution de la segmentation des ces testés positifs. Dans le graphique de droite, la courbe blanche représente l’évolution du pourcentage des tests positifs (échelle de droite), nous reviendrons à celle-ci dans les prévisions plus bas.
Figure 3 Evolution historique et prospective à court terme des testés positifs et de leur devenir
Dans les graphiques de la Figure 3, les “trois vagues” sont parfaitement visibles en couleur orange et cette “troisième vague” est devenue évidente sans même la queue décroissante de nos prévisions.
ACTUALITE DES CHIFFRES DE LA SEMAINE MIS DANS LEUR CONTEXTE
Résumé à l’échelle Nationale
La Figure 4 montre l’évolution hebdomadaire du nombre de personnes testées positives et, parmi celles-ci, celles qui sont décédées, rétablies ou encore actives (les nouveaux cas sont dans le graphique de gauche et leur cumul sur celui de droite).
Figure 4 Evolution hebdomadaire du devenir des testés positifs de la “troisième vague” (nouveaux à gauche et cumul à droite)
Cumulant 61’399, il se confirme 9’050 nouveaux cas face aux 9’860 de la semaine précédente. Le nombre de cas actifs a diminué (-1’185) à 13’933 alors qu’il augmentait la semaine précédente (+2’631). Cette baisse, abaissera la pression sur les soignants et leurs infrastructures. A l’échelle hebdomadaire de la semaine du 24 au 30/08, la coïncidence de plusieurs phénomènes favorables (baisse des actifs résultant de la conjugaison de la baisse des positifs, des décès et de la hausse des rétablis) permet d’espérer que nous sommes à la fin du pic de contamination de cette “troisième vague”.
Même si une très large majorité des cas positifs est asymptomatique et ne nécessite qu’un isolement sans hospitalisation, même si seul un cas sur sept est “grave” (voir plus bas) et même si la capacité du Maroc en lits dédiés n’a jamais été saturée, les 200 réanimateurs du public ne permettraient de servir que 400 lits de réanimation qui, compte tenu de la répartition territoriale, saturent les ressources des villes à pic épidémiologique selon le Dr. Jamal Eddine Kohen[5], Président de la FNAR. Il est à craindre maintenant que certains médecins aient déjà été mis devant le difficile choix de priorité des patients en “état grave” à mettre en soins intensifs (195 ce dimanche 30/08). Le même médecin a même ajouté que si l’on pouvait additionner les structures de la CNSS, les privées et les militaires, le Maroc pourrait atteindre une capacité fonctionnelle de 700 lits de réanimation.
La Figure 5 montre quelques pourcentages qui méritent commentaire.
Figure 5 Evolution hebdomadaire et journalière de quelques pourcentages intéressants
Le graphique de droite de la Figure 5 montre qu’en correspondance avec la légère baisse du taux des cas actifs durant la dernière semaine (cercles oranges), il y a légère augmentation du pourcentage des rétablis (triangles violets). Le 3 maximums de la courbe du pourcentage des cas actifs du graphique de droite de la Figure 5 (cercles orange), auxquels correspondent les minimums pourcentages des cas rétablis confirment eux aussi l’existence des “trois vagues”.
Au stade actuel, la Figure 5 combinée aux autres informations enseignent les choses suivantes :
- Les statistiques actuelles indiquent que les porteurs de COVID-19 du Maroc ont 1.81% de chance d’en mourir, en moyenne et abstraction faite de toute faiblesse qui causerait une aggravation de ce risque. Après avoir décru depuis le 12 avril, ce taux de décès de tous les testés positifs a augmenté de 1,50 (le dimanche 02 août) à 1,81% ce dimanche 30 août. La létalité, qui reste faible au Maroc, est sans doute due au succès des protocoles de soin adoptés au Maroc mais encore faut-il qu’elle n’augmente pas significativement.
- Dès lors qu’il y a suffisamment de critères que les protocoles
hospitaliers ou les accords de test considèrent un individu comme étant “à tester” (pour entourage ou pour symptômes), il y a :
- environ 3.21% de chance d’être porteur de COVID-19, chiffre qui lui aussi remonte légèrement après s’être stabilisé mais son évolution devrait de nouveau décroître plus tard,
- environ 0.056 % de chance d’en mourir, après avoir baissé depuis la première semaine d’avril, ce chiffre a commencé à remonter de 0.027% depuis la semaine du 20-26/07.
Nombre de cas graves
Le graphique de gauche de la Figure 6 montre l’évolution récente du nombre de cas graves ainsi que celle des cas actifs alors que le graphique de droite montre le pourcentage des cas graves parmi les actifs du jour ainsi que le pourcentage donné par le nombre de décès rapportés aux cas graves de la veille.
Figure 6 Cas graves et cas actifs à gauche – Taux de gravité parmi les actifs et décès parmi les cas graves à droite
Ainsi donc, il y aurait environ :
- un cas grave parmi 70 cas actifs,
- un décès le lendemain parmi 7 cas graves d’une journée donnée.
En partant des cas actifs prévus, ces valeurs permettent de croiser les simulations futures des décès.
Répartition à l’échelle Régionale
Le graphique de gauche de la Figure 7 montre la carte de répartition géographique des cas sur les différentes Régions du Maroc alors que le graphique de droite montre leur classement en termes de contamination (échelle logarithmique). Les couleurs des points de la carte indiquent le nombre de cas par million d’habitants alors que les chiffres entre parenthèses y indiquent les nouveaux cas hebdomadaires.
Figure 7 Répartition régionale (gauche) et classement (droite) des cas positifs au COVID-19 au Maroc
Le graphique inséré à gauche montre l’incidence par Région alors que le graphique de droite montre un classement des Régions par le nombre total de contaminations.
Le graphique de gauche de la Figure 8 montre l’évolution dans le temps des cas positifs dans les différentes Régions alors que le graphique de droite montre l’évolution du pourcentage représenté par chaque Région.
Figure 8 Evolution du nombre de cas par Région (gauche) et de celle de sa structure (droite)
Le graphique de gauche de la Figure 8 montre qu’en fait le nombre de positifs de plusieurs Régions a connu des “sauts” dus à la découverte de foyers épidémiques : Darâa-Tafilalet aux 20-26 avril, Guelmim-Oued Noun aux 22-26 avril, Rabat-Salé-Kénitra aux 03-13 mai et 18-20 juin, Laâyoune-Sakia El Hamra les 20-26 juin, Tanger-Assila les 23-26 juin. Même si certains ont influencé significativement le taux de positivité national, le saut du nombre de contaminations le plus spectaculaire a été celui Laâyoune-Sakia El Hamra.
Il semble que les “méga-foyers” professionnels de la “deuxième vague” soient circonscrits puisque 85% des cas des dernières semaines proviennent maintenant des contacts des contaminés et non des dépistages d’anticipation en entreprise (à moins que l’on n’ait plus les capacités de faire les deux). Nous sommes loin d’être à l’abri compte tenu de la durée d’incubation du virus et de la difficulté à identifier les personnes qui auraient été infectées par les contaminés des derniers jours. Identifier et tester les contacts de quelques dizaines de contaminés par jour est une chose alors que le faire pour un millier nécessite des ressources décuplées : on ne sait pas si on les a.
Le graphique de droite de la Figure 8 montre que depuis début mai, cinq des Régions concentrent une large majorité des cas positifs : Casablanca-Settat, Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, Fès-Meknès, Marrakech-Safi et Rabat-Salé-Kénitra. Si la concentration géographique des contaminés pose des problèmes d’hospitalisation, elle se prête mieux à une l’isolation des zones contaminées. Le pourcentage de concentration dans les cinq Régions les plus contaminées a décru car de nombreuses Régions “tranquilles” se sont “réveillées” depuis la fin de Juillet 2020. Il semble que la tendance ait commencé à s’inverser depuis la semaine passée du 24 au 30/08.
La baisse de la concentration des cas semble indiquer qu’en plus des dégâts collatéraux qu’il a créé, le reclassement en zone rouge, à la veille de Aïd El Adha, des 8 Provinces les plus contaminées n’aura pas suffi à protéger les Provinces les plus rurales. Il s’avère donc que non seulement on aurait dû faire les choses autrement mais surtout qu’on aurait sans doute dû interdire la célébration de Aïd El Adha, comme on a provisoirement interdit la prière collective du vendredi. Certes, l’indiscipline des marocains a un fort impact sur l’évolution de la situation mais, en cédant au lobby des grands éleveurs de bétail, le gouvernement a semble-t-il sous-estimé le prix que payerait le pays et en cela, perdu le sens des priorités.
DETAILS DES SIMULATIONS ET PREVISIONS A COURT TERME
Bref résumé des hypothèses et conditions de simulation
Jugeant déraisonnable de simuler directement le nombre de cas positifs dès lors que la cadence des tests avait augmenté trop vite, nous avons modifié graduellement la méthode de prévision. Nous avons d’abord remplacé les “fonctions de Gauss” initialement utilisées par des “fonctions Gamma” qui permettent de mieux traiter des cinétiques différentes en montée et en descente de l’infection. Ensuite, nous les avons appliquées au taux de positivité quotidien (pourcentage des tests positifs) et non plus directement au nombre de cas positifs.
Puis nous les avons progressivement appliquées à chacune des “trois vagues” subies par le Maroc. En effet, à peine étions-nous heureux de la stabilisation de la “première vague” durant la première semaine de juin, que nous avons vu arriver la “deuxième vague” due aux divers foyers professionnels découverts à Lalla Maymouna, Tanger, Casablanca, Safi et ailleurs. Celle-ci ne s’était même pas encore calmée que nous avons vu arriver la “troisième vague” dans l’énorme réservoir des contacts de contaminés qui s’était alors trouvé gonflé au maximum pendant que l’on testait intensément en entreprise. Chacune de ces “trois vagues” a été décrite par une fonction “fonction Gamma” séparée.
Ayant adopté 3 “fonctions Gamma” pour les taux de positivité, il a fallu aussi considérer 3 “fonctions Gamma” pour décrire les décès ainsi que 3 “fonctions de Gauss” pour décrire les rétablissements. Le nombre de cas actifs étant déduit par calcul de ces derniers (positifs – décès – rétablis).
Dans les prochaines semaines, il devra être possible de visualiser l’impact de la rentrée scolaire et universitaire.
Taux de positivité
La simulation du taux de positivité par les trois “fonctions Gamma” (courbe rouge) est confrontée aux valeurs réelles (diamants rouges) dans la Figure 9 qui révèle l’aspect journalier (à gauche) et l’aspect hebdomadaire (à droite) de cette confrontation. Les carrés bleus du graphique de gauche montrent le taux de positivité global alors que la courbe bleue en montre la simulation.
Figure 9 Taux de positivité : Quotidien à gauche – Hebdomadaire à droite
Dans les graphiques ci-dessus, les “trois vagues” sont, ici aussi, parfaitement visibles. La représentation logarithmique permet de voir que la méthode de simulation adoptée est aussi satisfaisante aux grandes valeurs (entre 20 et 30%), qui prévalaient au début de l’épidémie, qu’aux très faibles valeurs de taux de positivité (inférieures à 1%), qui ont été relevées depuis l’accélération de la cadence de test. Dans le graphique de droite, le traitement hebdomadaire permet de lisser les oscillations journalières et de mieux apprécier la qualité de la méthode de simulation durant chacune des “trois vagues”.
Pour l’instant, le taux de positivité semble avoir fini son stationnement autour de 6% et nos estimations de cette semaine montrent qu’il devrait amorcer une lente décroissance qui sera sensible dès la semaine prochaine si les conditions actuelles sont maintenues.
Révisant toutes nos dernières prévisions, nos nouvelles estimations d’évolution de la courbe bleue dans le graphique de droite de la Figure 5 montre qu’elle devrait converger vers 2.2% si le nombre de tests est extrapolé à l’infini, ce qui indique que, d’ici là, près de 815’000 habitants auront été contaminés, testés ou non, symptomatiques ou pas. Ceci n’est pas suffisant pour assurer l’immunité collective.
Nombre de contaminations
Déduit du taux de positivité de la Figure 9 et du nombre de tests de la Figure 1, le calcul du nombre de contaminés (courbe rouge) est confronté aux valeurs réelles (diamants rouges) dans la Figure 10 qui révèle l’aspect journalier (à gauche) et l’aspect hebdomadaire (à droite) de cette confrontation. Les carrés bleus du graphique de gauche montrent le nombre de contaminés cumulés alors que les courbes (bleue à gauche et à droite) en montrent les simulations.
Figure 10 Contaminations : Quotidiennes à gauche – Hebdomadaires à droite
Dans les graphiques ci-dessus, les “trois vagues” sont, ici aussi, parfaitement visibles. Bien que le taux de positivité des “deuxième” et “troisième vague” soit beaucoup plus petit que celui de la “première vague” (graphique de gauche de la Figure 9), le nombre de cas engendrés par les deux vagues suivantes a largement dépassé celui de la première (graphique de gauche de la Figure 10) à cause du nombre de tests beaucoup plus important. Les données analysées nous suggèrent que nous ayons légèrement dépassé le pic de contamination de la “troisième vague” mais que la rentrée scolaire va tout de même se dérouler avec encore quelques milliers de nouvelles contaminations par semaine.
Avant la “deuxième vague”, nos espérions encore cumuler environ à 8’964 cas de contamination (7’831 selon un rapport du HCP) alors que nous en sommes déjà à 33’237 et nous serions sans doute à même de dépasser 74’000 cas à terme après avoir ajouté près de 64’000 cas additionnels dus à des foyers qui auraient peut-être pu être circonscrits plus tôt si on avait anticipé l’accélération de la cadence des tests et, surtout, si l’on avait interdit la célébration de Aïd El Adha.
Pour l’instant, le nombre de nouveaux contaminés semble décroître en-dessous des 9 à 10’000 par semaine et nos estimations de cette semaine confirment nos prévisions de décroissance de la semaine précédente.
Nombre de décès
La simulation des décès par les trois “fonctions Gamma” (courbe rouge) est confrontée aux valeurs réelles (diamants rouges) dans la Figure 11 qui révèle l’aspect journalier (à gauche) et l’aspect hebdomadaire (à droite) de cette confrontation. Les carrés bleus du graphique de gauche montrent le nombre de décès cumulé alors que les courbes (bleue à gauche et à droite) en montrent les simulations.
Figure 11 Décès : Quotidiens à gauche – Hebdomadaires à droite
Dans les graphiques ci-dessus, les “trois vagues” sont moins nettement visibles que sur les autres graphiques.
Avant la “deuxième vague”, nos espérions encore ne pas cumuler plus de 260 décès alors que nous en sommes déjà à 659 et nous serions, dans les conditions actuelles, sans doute à même de dépasser 1’030 décès à terme, ajoutant près de 770 décès additionnels qui auraient peut-être pu être évités.
Pour l’instant, le nombre de nouveaux décès semble être légèrement après son maximum à près de 230 décès par semaine et nos estimations de cette semaine confirment nos prévisions de décroissance de la semaine précédente.
Nombre de rétablis
La simulation des rétablis par les trois “fonctions de Gauss” (courbe rouge) est confrontée aux valeurs réelles (diamants rouges) dans la Figure 12 qui révèle l’aspect journalier (à gauche) et l’aspect hebdomadaire (à droite) de cette confrontation. Les carrés bleus du graphique de gauche montrent le nombre de décès cumulé alors que les courbes (bleue à gauche et à droite) en montrent les simulations.
Figure 12 Rétablis : Quotidiens à gauche – Hebdomadaires à droite
Dans les graphiques ci-dessous, les “trois vagues” sont, ici aussi, parfaitement visibles. Pour l’instant, les données analysées suggèrent que le pic des rétablis de la “troisième vague” est encore à venir mais ceci reste encore à confirmer.
Nos estimations de cette semaine confirment l’amorce de décrue du nombre de nouveaux rétablis par semaine, que nous avions déjà prévu la semaine précédente, après avoir atteint son maximum autour de près de 10’000 rétablissements hebdomadaires.
Nombre de cas actifs
Le calcul des cas actifs résultant de toutes les simulations précédentes (courbe bleue) est confronté aux valeurs réelles (triangles bleus) dans la Figure 13 qui révèle l’aspect journalier (à gauche) et l’aspect hebdomadaire (à droite) de cette confrontation. Les cercles rouges du graphique de gauche montrent le nombre de cas actifs graves. Les courbes montrent les simulations.
Figure 13 Cas actifs : Quotidiens à gauche (parmi eux, les cas graves sont en rouge) – Hebdomadaires à droite
Dans les graphiques ci-dessus, les “trois vagues” sont parfaitement visibles ici aussi.
Les données analysées confirment la prévision de la semaine précédente que aurions dépassé le pic des cas actifs de la “troisième vague”.
ET POUR TERMINER…
Comment atteindre zéro infection ? – Peut-être la réponse se trouve-t-elle dans les propos du Pr. Didier Raoult qui, courbe en main, a dit : “La courbe [de contamination] est une courbe en cloche… les épidémies commencent, s’accélèrent, culminent, diminuent puis disparaissent sans qu’on sache pourquoi“. Il faut interpréter ce que ceci signifie dans la bouche de quelqu’un qui a vu plus de nombreuses courbes de contamination épidémique : “ne pas savoir pourquoi elles disparaissent” traduit l’incompatibilité entre les théories mathématiques pour qui les “courbes en cloche” finissent en diminuant progressivement sans jamais s’annuler alors que les courbes de contamination réelles subissent bien un jour une dégringolade “chaotique” à zéro puisque les épidémies par s’arrêtent dès lors que les derniers porteurs ne peuvent plus communiquer le virus à un hôte qui ne soit pas immunisé. Mais encore faut-il les conditions pour que ceci se réalise ce qui ne peut sans doute pas se faire sans immunité collective3.
Depuis notre premier rapport hebdomadaire de début avril, nous rappelons qu’“une hirondelle ne fait pas le printemps” et même les évolutions des autres pays nous enseignent que l’on peut même avoir un taux de reproduction en-dessous de l’unité tout en ayant encore des centaines ou même des milliers de nouveaux cas par jour qui pourraient faire repartir l’épidémie en cas de relâchement.
Même si les taux de positivité sont sans doute suffisamment bas pour, à mon humble avis, reprendre sérieusement l’activité économique et laisser les gens retourner gagner leur vie le plus normalement possible, il est nécessaire de faire ce qu’il faut pour “vivre avec ce virus”. Il faut aussi montrer un minimum de visibilité aux entrepreneurs pour permettre aux gens de gagner leur vie ! La vie humaine n’a certes pas de prix, mais elle a un coût dont les composantes humaines deviennent de moins en moins supportables ! Espérons aussi que toute la lumière sera faite sur les affaires de “méga-clusters” du Gharb et de Safi et que tous les responsables seront jugés et sévèrement punis au moins pour mise en danger volontaire de la vie d’autrui.
L’enquête qui été confiée à la Direction Centrale de la Gendarmerie Royale a déjà abouti à des mises en examen et il faudrait mettre les mis en cause en détention préventive ou au moins faire une saisie conservatoire de leur biens pour les empêcher de les “liquider” et se mettre préventivement en situation d’insolvabilité. Il faut aussi que les victimes et leurs familles se portent partie civiles afin d’être indemnisées au détriment des responsables.
Doit-on rappeler qu’on peut être porteur asymptomatique du COVID-19 (sans aucun symptôme) et le transmettre à toutes les personnes approchées sans précautions, or, à l’instar de beaucoup d’autres pays, le Maroc n’a aucune connaissance du nombre réel de personnes infectées.
Les bons chiffres de premières semaines n’étaient là que parce le confinement avait fortement ralenti la transmission du virus mais il semble maintenant trop tard pour en espérer autre chose qu’un ralentissement de l’épidémie pour éviter une surcharge des structures de soin et les décès additionnels qui s’ensuivraient. Les chercheurs nous répètent que la peau de ce virus est faite d’une huile qui est diluée par les savons, qu’il se transmet à la bouche, au nez et aux yeux par la salive ou les postillons qui, sans projection (toux), se projettent à moins d’un mètre tout en sachant qu’il ne dure pas plus de quelques heures sur une surface inerte.
En comprenant bien ceci, on saura ce qu’il reste à faire si l’on veut éviter de s’exposer et surtout exposer les autres au risque de contamination. Maintenant, “sortir du hammam (du confinement) n’est pas aussi simple que d’y rentrer” dit le dicton marocain et on cherche encore un moyen de nous en sortir puisque le proverbe ne dit pas que c’est impossible ! Ceci dit :
- Pourquoi n’a-t-on pas accéléré les tests quelques semaines plus tôt ?
- Pourquoi a-t-on pris des décisions qui ont précipité une partie de la population vers un risque accru d’accident sur des routes surchargées ?
- Après avoir interdit la prière collective du vendredi (qui est pourtant “Fard”), pourquoi n’a-t-on pas d’interdit la célébration de Aïd El Adha (qui n’est que “Sounna“) qui comportait un double risque de création de foyers d’infection (les contacts dans des marchés aux bestiaux incontrôlables suivis des regroupements familiaux élargis) ?
- Peut-on encore parler “d’exemplarité” du Maroc, eu égard aux événements des dernières semaines, notamment les actions maladroites du gouvernement face à une population très indisciplinée ?