Comme d’habitude, les données collectées durant cette semaine permettent de présenter de nouvelles simulations et prévisions pour les prochaines semaines. Les chiffres récents confortent la notion “troisième vague” et nous forcent aussi à corriger les simulations de la fin de la semaine dernière. Les chiffres actuels semblent montrer, pour l’instant du moins, que nous sommes en période de pointe de cette “troisième vague” de contamination.
Il faut espérer que les retrouvailles de l’Aïd ne viennent pas dégrader les règles du jeu actuelles, qui ne sont déjà pas bonnes du tout, en venant greffer une “quatrième vague”. Cinq des douze régions cumulent 93% des nouveaux cas de la dernière dizaine de jours et si cette concentration géographique des contaminés pose des problèmes, elle se prête mieux à une isolation relative des zones contaminées. Le mardi 4 août, le délai de 24 heures imparti avant de “resserrer l’étau” sur Fès et Tanger a permis d’éviter la précipitation et ses “dégâts collatéraux” du dimanche 26 juillet.
Toutes les données ont été quotidiennement mises à jour auprès du site du Ministère de la Santé du Maroc.
TESTS COVID-19
Depuis dix semaines maintenant, le Maroc teste beaucoup plus que les cas “fortement suspects“. Ceci dit, même la définition des cas “fortement suspects” avait changé depuis la semaine du 18/05 puisqu’on a pu quasiment y doubler le nombre de tests hebdomadaires. Maintenant, on pratique même des “tests d’anticipation” qui se font dans les milieux professionnels en plus des “tests précoces” pour les personnes suspectes, qu’elles soient des malades symptomatiques ou des contacts des personnes contaminées (c’est parmi ces contacts qu’on détecte la quasi-totalité des cas des trois dernières semaines).
L’évolution des tests réalisés chaque semaine (bleu clair) ainsi que celle de leur total (bleu roi) sont montrées en Figure 1 (l’échelle est logarithmique de sorte que chaque carreau représente une multiplication par dix). De début juin à début juillet, le nombre de nouveaux tests hebdomadaires se tenait entre 100 et 120’000 par semaine mais la cadence s’est accélérée depuis le 13/07 à entre 130 et 160’000 par semaine en atteignant un total atteignant 1’449’968 le 09/08 représentant 4,1% de la population.
A la cadence actuelle, l’objectif annoncé par le Directeur de épidémiologie au Ministère de la Santé et visant à atteindre 1,8 million de tests, qui toucheraient donc 5% de la population, serait sans doute réalisé vers fin Août 2020. Nous saluons de nouveau les performances hebdomadaires réalisées qui représentent un réel effort de la part de tous les acteurs qui permettent d’identifier, parfois d’appréhender, de prélever et de tester les personnes concernées.
Selon un entretien avec le Ministre des Affaires Étrangères, les limites objectives des capacités de test du Maroc entre 23 et 24’000 quotidiens (161 à 168’000 hebdomadaires) seraient d’ailleurs à l’origine de la fermeture des frontières et de l’exigence du test préalable avant d’entrer au Maroc.
Figure 1 Évolution réelle et simulation journalière (gauche) et hebdomadaire (droite) du nombre de tests
VISION GLOBALE DE LA SITUATION
Résultats des tests COVID-19
Le graphique de gauche de la Figure 2 montre l’évolution du nombre de tests et de leurs résultats alors que le graphique de droite en montre la structure. La courbe bleue se rapportant à l’échelle de droite du graphique de droite montre l’évolution de la part de la population marocaine testée atteint 4.1% ce dimanche 09/08. Plus on testera, plus on isolera de porteurs susceptibles de contaminer leurs contacts.
Figure 2 Évolution du nombre de tests et de leurs résultats
Segmentation des testés positifs
Le graphique de gauche de la Figure 3 montre l’évolution historique et les prévisions du nombre de porteurs de COVID-19 et de leur segmentation en décès, rétablis et actifs (en cours de soins) alors que le graphique de droite montre l’évolution de la segmentation des ces testés positifs. La courbe blanche du graphique de droite montre aussi l’évolution du pourcentage des tests positifs (échelle de droite).
Figure 3 Évolution historique et prospective des testés positifs et de leur devenir
Dans les graphiques de la Figure 3, les “trois vagues” sont parfaitement visibles en couleur orange.
Avant la “deuxième vague”, nos espérions encore cumuler environ à 8’964 cas de contamination (7’831 selon un rapport du HCP ) alors que nous en sommes déjà à 33’237 et nous serions, dans les conditions actuelles, sans doute à même de dépasser 45’000 cas à terme, ajoutant près de 36’000 cas additionnels dus à des foyers qui auraient peut-être pu être circonscrits plus tôt si on avait anticipé l’accélération de la cadence des tests.
ACTUALITE DES CHIFFRES DE LA SEMAINE MIS DANS LEUR CONTEXTE
Résumé à l’échelle Nationale
La Figure 4 montre l’évolution hebdomadaire du nombre de tests positifs, de décès de personnes infectées, de patients rétablis et de ceux en soin (les nouveaux dans le graphique de gauche et leur cumul à droite).
Figure 4 Évolution hebdomadaire des testés positifs et de leur devenir (nouveaux cas à gauche et cumul leur à droite)
Cumulant 33’237, il se confirme 7’700 nouveaux cas face aux 5’259 de la semaine précédente. Cumulant 9’392, le nombre de personnes en soin a lui augmenté moins vite (+2’672) que face à la semaine précédente (+3’193), la pression sur les soignants et leurs infrastructures ayant atteint un nouveau record.
Toutefois, une très large majorité des personnes infectées sont asymptomatiques et ne nécessitent qu’un isolement sans hospitalisation : initialement 70 à 80% des cas et sans doute autour de 95% depuis l’accélération des tests (selon les déclarations du Directeur de épidémiologie au Ministère de la Santé). Ceci fait que la capacité du Maroc en lits dédiés n’a jamais été saturée, loin de là, et que nos médecins n’ont encore jamais été mis devant le difficile choix de priorité des patients à mettre en soins intensifs (116 ce dimanche 09/08).
La Figure 5 montre quelques pourcentages qui méritent commentaire.
Figure 5 Évolution hebdomadaire et journalière de quelques pourcentages intéressants
Le graphique de droite de la Figure 5 montre qu’en correspondance avec la stabilisation du taux des cas actifs autour de 30% durant la dernière semaine (cercles oranges), il y a stabilisation du pourcentage des rétablis autour de 70% (triangles violets).
Au stade actuel, la Figure 5 combinée aux autres informations enseignent les choses suivantes :
- Les statistiques actuelles indiquent que les porteurs de COVID-19 du Maroc ont 1.50% de chance d’en mourir, en moyenne et abstraction faite de toute faiblesse qui causerait une aggravation de ce risque. Ce taux de décès de tous les testés positifs décroît récemment de façon lente mais monotone depuis le 12 avril même à l’échelle journalière, comme montré par la courbe rouge du graphique de droite de la Figure 5.
- Dès lors qu’il y a suffisamment de critères que les protocoles
hospitaliers ou les accords de test considèrent un individu comme étant “suspect à tester” (pour entourage ou pour symptômes), il y a :
- environ 2.29% de chance d’être porteur de COVID-19, chiffre qui remonte légèrement après s’être stabilisé mais, après avoir été ralenti par la “deuxième vague”, son évolution devrait de nouveau décroître plus tard,
- environ 0.034 % de chance d’en mourir, après avoir baissé depuis la première semaine d’avril, ce chiffre a commencé à remonter légèrement après la semaine du 20 au 26/07 (le minimum était à 1,77%). Cette faible létalité est au succès des protocoles de soin adoptés au Maroc.
Selon nos dernières estimations la courbe verte dans le graphique de droite de la Figure 9 devrait converger vers 1.68% si le nombre de tests est extrapolé à l’infini, ce qui indique que, testés ou non, symptomatiques ou pas, près de 596’000 habitants auront été contaminés d’ici là.
Répartition à l’échelle Régionale
Le graphique de gauche de la Figure 6 montre la carte de répartition géographique des cas sur les différentes Régions du Maroc alors que le graphique de droite montre leur classement en termes de contamination (échelle logarithmique). Les couleurs des points de la carte indiquent le nombre de cas par million d’habitants alors que les chiffres entre parenthèses y indiquent les nouveaux cas hebdomadaires.
Figure 6 Répartition régionale (gauche) et classement (droite) des cas positifs au COVID-19 au Maroc
Alors que le graphique de droite montre un classement des Régions par le nombre total de contaminations, le graphique inséré dans la carte de gauche de la Figure 6 montre le classement de l’impact de ces contaminations sur les différentes Régions du Maroc. La population 2020 de chacune des 12 Régions du Maroc a été prise dans un document du HCP se basant sur une prévision au départ des données du recensement de 2014.
La semaine du 03 au 09/07, les Régions où le nombre de cas s’est accru substantiellement sont : Casablanca-Settat (+2’295), Marrakech-Safi (+1’468), Tanger-Tetouan-Al Hoceïma (+1’359) et Fès-Meknes (+1’355). Ces 4 dernières Régions cumulent 84.1% (en baisse) des contaminations de la dernière semaine et sont sans doute à l’origine du reclassement en zone rouge, à la veille de Aïd El Adha, des 8 Provinces les plus peuplées et contaminées de ces quatre Régions : Tanger, Tetouan, Casablanca, Settat, Berrechid, Fes, Meknes et Marrakech.
En chiffres cumulés, celles-ci se trouvent aussi être dans des Régions impactées à plus de 800 cas par million d’habitants. Il faudra tout de même qu’un jour on explique pourquoi, en veille de fêtes, on a pris cette décision sans donner de délai à son exécution, avec les dégâts que l’on connaît, alors qu’on a donné 24 heures à l’exécution du resserrement du confinement de Tanger et Fès.
Le graphique de gauche de la Figure 7 montre l’évolution dans le temps des cas positifs dans les différentes Régions alors que le graphique de droite montre l’évolution du pourcentage représenté par chaque Région.
Figure 7 Évolution du nombre de cas par Région (gauche) et de celle de sa structure (droite)
Le graphique de gauche de la Figure 7 montre qu’en fait le nombre de positifs de plusieurs Régions a connu des “sauts” dus à la découverte de foyers épidémiques : Darâa-Tafilalet aux 20-26 avril, Guelmim-Oued Noun aux 22-26 avril, Rabat-Salé-Kénitra aux 03-13 mai et 18-20 juin, Laâyoune-Sakia El Hamra les 20-26 juin, Tanger-Assila les 23-26 juin. Même si certains ont influencé significativement le taux de positivité national, le saut du nombre de contaminations le plus spectaculaire a été celui Laâyoune-Sakia El Hamra.
Les “méga-foyers” professionnels de la “deuxième vague” semblent être, eux-mêmes, significativement circonscrits puisque 85% des derniers cas proviennent maintenant des contacts des contaminés et non des dépistages précoces en entreprise. Rien n’indique encore que nous soyons à l’abri compte tenu de la durée d’incubation du virus et de la difficulté à identifier les personnes qui auraient pu être infectées par les personnes détectées ces derniers jours. Identifier et tester les contacts de quelques dizaines de contaminés par jour est une chose alors que le faire pour des centaines nécessite des ressources décuplées : on ne sait pas si on les a.
Le graphique de droite de la Figure 7 montre que depuis début mai, cinq des Régions concentrent la quasi-totalité (89.64%) des cas positifs : Casablanca-Settat, Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, Fès-Meknès Marrakech-Safi, Rabat-Salé-Kénitra.
DÉTAILS DES SIMULATIONS ET PRÉVISIONS
Hypothèses et conditions de simulation
Jugeant déraisonnable de simuler directement le nombre de cas positifs dès lors que la cadence des tests avait augmenté trop vite, nous avons modifié graduellement la méthode de prévision. Remplaçant d’abord les “fonctions de Gauss” initialement utilisées, nous avons appliqué des “fonctions Gamma” puisqu’elles permettent de traiter des cinétiques différentes en montée et en descente de l’infection. Ensuite, nous les avons appliquées au taux de positivité quotidien (pourcentage des tests positifs) et non plus directement au nombre de cas positifs.
Nous l’avons progressivement adopté pour chacune des “trois vagues” subies par le Maroc. En effet, à peine étions heureux de la stabilisation de la “première vague” durant la première semaine de juin, que nous avons vu arriver la “deuxième vague” due aux divers foyers professionnels découverts à Lalla Maymouna, Tanger, Casablanca et Safi qui n’avait elle-même même pas fini de se calmer que nous avons vu arriver la “troisième vague” dans l’énorme réservoir des personnes qui s’est alors trouvé gonflé au maximum.
Chacune de ces “trois vagues” doit être décrite par une fonction mathématique séparée. Suite à l’ajout de la 3ème “fonction Gamma” au taux de positivité, il a fallu aussi ajouter 3 “fonctions Gamma” pour décrire les décès ainsi que 3 “fonctions de Gauss” pour décrire les rétablissements, le nombre de cas actifs étant déduit de ces derniers.
Taux de positivité
La simulation du taux de positivité par les trois “fonctions Gamma” (courbe rouge) est confrontée aux valeurs réelles (diamants rouges) dans la Figure 8 qui révèle les aspects journalier (à gauche) et hebdomadaire (à droite) de cette confrontation. Les carrés bleus du graphique de gauche montrent le taux de positivité global alors que la courbe bleue en montre la simulation.
Figure 8 Taux de positivité : Quotidien à gauche – Hebdomadaire à droite
Dans les graphiques ci-dessus, les “trois vagues” sont, ici aussi, parfaitement visibles. La représentation logarithmique permet de voir que la méthode de simulation adoptée est aussi satisfaisante aux grandes valeurs (entre 20 et 30%), qui prévalaient au début de l’épidémie, qu’aux très faibles valeurs de taux de positivité (inférieures à 1%), qui ont été relevées depuis l’accélération de la cadence de test. Dans le graphique de droite, le traitement hebdomadaire permet de lisser les oscillations journalières et de mieux apprécier la qualité de la méthode de simulation durant chacune des “trois vagues”.
Nombre de contaminations
Déduit du taux de positivité de la Figure 8 et du nombre de tests de la Figure 1, le calcul du nombre de contaminés (courbe rouge) est confronté aux valeurs réelles (diamants rouges) dans la Figure 9 qui révèle les aspects journalier (à gauche) et hebdomadaire (à droite) de cette confrontation. Les carrés bleus du graphique de gauche montrent le nombre de contaminés cumulés alors que les courbes (bleue à gauche et noire à droite) en montrent les simulations.
Figure 9 Contaminations : Quotidiennes à gauche – Hebdomadaires à droite
Dans les graphiques ci-dessus, les “trois vagues” sont, ici aussi, parfaitement visibles. Bien que le taux de positivité des “deuxième et troisième vague” soit beaucoup plus petit que celui de la “première vague” (graphique de gauche de la Figure 8), le nombre de cas engendrés par les deux vagues suivantes a largement dépassé celui de la première (graphique de gauche de la Figure 9) à cause du nombre de tests beaucoup plus important. Pour l’instant, les données analysées nous suggèrent que nous soyons au voisinage du pic de contamination de la “troisième vague” mais ceci est encore à confirmer.
Nombre de décès
La simulation des décès par les trois “fonctions Gamma” (courbe rouge) est confrontée aux valeurs réelles (diamants rouges) dans la Figure 10 qui révèle les aspects journalier (à gauche) et hebdomadaire (à droite) de cette confrontation. Les carrés bleus du graphique de gauche montrent le nombre de décès cumulé alors que les courbes (bleue à gauche et noire à droite) en montrent les simulations.
Figure 10 Décès : Quotidiens à gauche – Hebdomadaires à droite
Dans les graphiques ci-dessus, les “trois vagues” sont moins nettement visibles que sur tous les autres. Pour l’instant, les données analysées suggèrent que nous soyons au voisinage du pic des décès de la “troisième vague” mais ceci est encore à confirmer.
Nombre de rétablis
La simulation des rétablis par les trois “fonctions de Gauss” (courbe rouge) est confrontée aux valeurs réelles (diamants rouges) dans la Figure 11 qui révèle les aspects journalier (à gauche) et hebdomadaire (à droite) de cette confrontation. Les carrés bleus du graphique de gauche montrent le nombre de décès cumulé alors que les courbes (bleue à gauche et noire à droite) en montrent les simulations.
Figure 11 Rétablis : Quotidiens à gauche – Hebdomadaires à droite
Dans les graphiques ci-dessus, les “trois vagues” sont, ici aussi, parfaitement visibles. Pour l’instant, les données analysées suggèrent que le pic des rétablis de la “troisième vague” est encore à venir mais ceci reste encore à confirmer.
Nombre de cas actifs
Le calcul des cas actifs résultant de toutes les simulations précédentes est confronté aux valeurs réelles (diamants rouges) dans la Figure 12 qui révèle les aspects journalier (à gauche) et hebdomadaire (à droite) de cette confrontation. Les carrés bleus du graphique de gauche montrent le nombre de décès cumulé alors que les courbes (bleue à gauche et noire à droite) en montrent les simulations.
Figure 12 Cas actifs : Quotidiens à gauche – Hebdomadaires à droite
Dans les graphiques ci-dessus, les “trois vagues” sont, ici aussi, parfaitement visibles. Pour l’instant, les données analysées suggèrent que le pic des cas rétablis de la “troisième vague” est encore à venir mais ceci reste encore à confirmer.
ET POUR TERMINER…
Comment atteindre zéro infection ? – Cherchons la réponse dans les propos du Pr. Didier Raoult qui, courbe en main, a dit : “La courbe [de contamination] est une courbe en cloche… les épidémies commencent, s’accélèrent, culminent, diminuent puis disparaissent sans qu’on sache pourquoi“. Il faut interpréter ce que ceci signifie dans la bouche de quelqu’un qui a vu plus de nombreuses courbes de contamination épidémique : “ne pas savoir pourquoi elles disparaissent” traduit l’incompatibilité entre les théories mathématiques pour qui les “courbes en cloche” finissent en diminuant progressivement sans jamais s’annuler alors que les courbes de contamination réelles subissent bien un jour une dégringolade “chaotique” à zéro puisque les épidémies par s’arrêtent dès lors que les derniers porteurs ne peuvent plus communiquer le virus à un hôte qui ne soit pas immunisé. Mais encore faut-il réaliser les conditions pour que ceci se réalise.
Depuis notre premier rapport hebdomadaire de début avril, nous rappelons qu’“une hirondelle ne fait pas le printemps” et même les évolutions des autres pays nous enseignent que l’on peut même avoir un taux de reproduction en-dessous de l’unité tout en ayant encore des centaines ou même des milliers de nouveaux cas par jour qui pourraient faire repartir l’épidémie en cas de relâchement.
Même si les taux de positivité sont sans doute suffisamment bas pour, à mon humble avis, reprendre sérieusement l’activité économique et laisser les gens retourner gagner leur vie le plus normalement possible, il est nécessaire de faire ce qu’il faut pour “vivre avec ce virus”. Il faut aussi montrer un minimum de visibilité aux entrepreneurs pour permettre aux gens de gagner leur vie ! La vie humaine n’a certes pas de prix, mais elle a un coût dont les composantes humaines commencent à devenir insupportables ! Espérons aussi que toute la lumière sera faite sur les affaires de “méga-clusters” du Gharb et de Safi et que tous les responsables seront jugés et sévèrement punis au moins pour mise en danger volontaire de la vie d’autrui.
L’enquête qui été confiée à la Direction Centrale de la Gendarmerie Royale a déjà abouti à des mises en examen et il faudrait mettre les mis en cause en détention préventive ou au moins faire une saisie conservatoire de leur biens pour les empêcher de les “liquider” et se mettre préventivement en situation d’insolvabilité.
Doit-on rappeler qu’on peut être porteur asymptomatique du COVID-19 (sans aucun symptôme) et le transmettre à toutes les personnes approchées sans précautions, or, à l’instar de beaucoup d’autres pays, le Maroc n’a aucune connaissance du nombre réel de personnes infectées.
Certes, les bons chiffres de premières semaines n’étaient là que parce le confinement avait fortement ralenti la transmission du virus mais il semble maintenant trop tard pour en espérer autre chose qu’un ralentissement de l’épidémie. Les chercheurs nous répètent que la peau de ce virus est faite d’une huile qui est diluée par les savons, qu’il se transmet à la bouche, au nez et aux yeux par la salive ou les postillons qui, sans projection (toux), se projettent à moins d’un mètre tout en sachant qu’il ne dure pas plus de quelques heures sur une surface inerte. En comprenant bien ceci, on saura ce qu’il reste à faire si l’on veut éviter de s’exposer et surtout exposer autrui au risque de mortalité. Maintenant, “sortir du hammam (du confinement) n’est pas aussi simple que d’y rentrer” dit le dicton marocain mais on est en train de trouver un moyen de nous en sortir puisque le proverbe ne dit pas que c’est impossible ! Mais pourquoi n’a-t-on pas accéléré les tests quelques semaines plus tôt ? Sans doute aurions-nous pu dépister ceux qui ont infecté ceux que nous détectons actuellement.
Dans le concert des Nations, les chiffres marocains sont souvent à la traîne et nous voudrions ne pas changer nos habitudes en nous en sortant avec de faibles cas de contamination et de décès par million d’habitant. Ainsi, nous pourrons pour une fois, une fois seulement, paraphraser Jacques Brel : “Être une heure, rien qu’une heure durant, Beau, beau, beau et con à la fois !“