Le représentant de Bombardier auditionné par le tribunal dans le
cadre du procès du conducteur. La défense exige une expertise sur les
archives du système de signalisation conçu par la compagnie espagnole.
La défense de Larbi Rich, poursuivi suite à l’accident du train à
Boukadel survenu le 16 octobre 2018, a réclamé une expertise sur les
données relatives au système de signalisation, extraites par Bombardier
dans le cadre de l’enquête préliminaire.
Cette requête a été formulée à l’issue d’une audience tenue ce mardi
26 février au tribunal de première instance de Salé, où se déroule le
procès du conducteur, accusé d’avoir involontairement causé le décès de 7
personnes et les blessures d’une centaine d’autres.
L’audience a été marquée par l’audition du représentant de
Bombardier, venu de Madrid livrer son témoignage sur l’affaire. C’est
sa compagnie qui a conçu le système de signalisation pour le compte de
l’ONCF et c’est elle-même qui, au cours de l’enquête, a été chargée de
dresser un rapport tendant notamment à élucider si un défaut de
signalisation était derrière l’accident. La firme espagnole avait alors,
logiquement, conclu à l’absence de toute anomalie au niveau de son propre système mis en place en 2015.
Cette démarche indigne la défense qui critique l'absence de
neutralité. Sachant que, « de l’aveu même du témoin, les données
extraites pouvaient être analysées par une autre partie que
Bombardier », a lancé Me Abdelhakim Touiaj, un des avocats du prévenu.
Lors de son audition, le représentant du prestataire a en effet
déclaré que les informations tirées de l’archive du système sont certes,
techniques, mais que leur compréhension n’est pas exclusive à son
employeur.
D’où la demande tendant à ordonner une expertise judiciaire pour
vérifier le degré d’exactitude des conclusions de Bombardier. Une
requête à laquelle s’est opposé l’avocat de l’ONCF, estimant que
lesdites conclusions ont été contenues dans le PV de la Gendarmerie
royale et que le rapport de Bombardier a été annexé à ce PV. Partant,
« on ne peut recourir contre ces éléments qu’on recourant pour faux »,
tranche l’avocat.
Si le représentant de Bombardier estime quasi-nul le risque pour son
système d’émettre des « signaux contraires aux règles de sécurité », le
conducteur laisse entendre le contraire. Ce qui expliquerait qu’au
moment des faits, il ait circulé à une vitesse de 158 km/H à l’approche
d’une aiguille, où la vitesse devait se limiter à 60 Km/H.
Le juge a sursis à statuer sur la requête de la défense, la décision
sera rendue au moment d’entamer le débat sur le fond du dossier. Le
président a par ailleurs renvoyé l’affaire au 5 mars pour poursuivre
l’examen de ce dossier ouvert après l'accident du train.
Médias24 reviendra avec plus de détails sur l’audience de ce mardi.