Malgré une loi répressive et un dispositif de contrôle sévère, les unités de production de sacs en plastique pullulent dans le pays. Une réalité qui semble refléter l’échec des autorités à faire appliquer la loi.

Cinq ans après la promulgation de la loi «Zéro Mika» en juillet 2016, qui interdit l’usage du plastique dans toute la société marocaine, force est de constater que des foyers de résistance continuent d’exister et que le plastique n’est toujours pas éradiqué. Lundi 21 juin 2021, les autorités locales de Nouaceur, dans la région de Casablanca, ont procédé au démantèlement d’une importante unité de fabrication clandestine de sacs en plastique, située dans la Commune rurale de Oulad Azzouz.

Cette opération, menée en coordination avec la commission provinciale du ministère de l’industrie et du commerce, a permis aux autorités locales et de la Gendarmerie royale, de saisir plus de 18 tonnes de sacs en plastique interdits, de matières premières et de déchets en plastique.

Les autorités ont saisi l’ensemble des machines et outils de cette unité clandestine ainsi que les produits plastiques utilisés dans la fabrication des sacs en plastique interdits, avant de procéder à la fermeture du dépôt et à l’ouverture d’une enquête judiciaire.

Un dispositif législatif non respecté
Un récent rapport établi par le département de l’environnement indique que les déchets en plastique représentent plus de 86% de la totalité des déchets marins au niveau national. Un chiffre alarmant qui en dit long sur l’usage du plastique qui continue de meubler la vie quotidienne des Marocains sachant qu’une loi sur son interdiction est sortie depuis voilà cinq ans.

Si l’acte de démantèlement de cette usine clandestine est décrit comme isolé, il n’en demeure pas moins qu’il reflète une réalité socioéconomique favorisant le secteur informel face à un dispositif législatif non respecté.

Cet avis, le ministère de l’industrie et du commerce, qui veille sur ce secteur, ne semble pas le partager et parle d’une avancée importante de la stratégie de lutte contre l’usage du plastique. Le département de Moulay Hafid Elalamy évoque ainsi les segments de la moyenne et grande distribution et du commerce de proximité organisé où le plastique est définitivement banni et qui recourent désormais à des alternatives pratiques, conçues et calibrées pour répondre à leurs besoins spécifiques.

Selon les chiffres du ministère, la production de sacs non tissés est passée de 1,8 à 3,2 milliards de sacs et celle des sacs tissés de 1 à 1,2 milliard de sacs durant la deuxième année de mise en oeuvre de la loi. Le programme d’accompagnement à la reconversion des entreprises impactées mis en place a bénéficié à 25 entreprises éligibles sur 29 candidates avec une prime globale de 65,4 millions de dhs.

Toutefois, le ministère reconnaît que l’utilisation de sacs interdits persiste dans les souks et le commerce ambulant et non organisé qui s’approvisionnent auprès de réseaux clandestins et de contrebande. 90 tonnes de sacs ont été saisies aux postes frontaliers et 757 tonnes dans des unités et ateliers clandestins, lors des 682.467 opérations de contrôle effectuées. 3.826 infractions ont été constatées et 757 jugements ont été prononcés avec des amendes d’un montant global de 5 millions de dirhams.