Cela fait plusieurs années déjà qu’une partie de la classe politique nationale, menée notamment par le Parti authenticité et modernité (PAM) et le Parti de l’Istiqlal (PI), appelle de ses voeux la légalisation de la culture du cannabis, dont le Maroc est le premier producteur mondial -47.500 hectares cultivés, selon des chiffres de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC).
Mais alors que Mohamed Hassad assurait fin juin 2015 à la Chambre des conseillers, à l’époque où il dirigeait le ministère de l’Intérieur, que la “culture du kif et sa commercialisation sont illégales” et “le resteront” -suite à une question de l’élu PAM Larbi Lamharchi- voilà son successeur à la “mère des ministères”, à savoir Abdelouafi Laftit, qui vient de présenter à l’examen du gouvernement un projet de loi portant usage légal du cannabis: une vraie révolution. Beaucoup se sont, ainsi, à plusieurs reprises frotté les yeux quand, à J-2, ils ont lu le communiqué de la primature détaillant l’ordre du jour du conseil du gouvernement du 25 février 2021, au cours duquel ledit projet a été présenté, avant de réaliser qu’il ne s’agissait vraiment pas d’une fake news.
En même temps, il ne fallait pas nécessairement être surpris: d’aucuns savent depuis belle lurette que ce projet est dans le pipe, certaines parties au sein de l’État estimant notamment que le désenclavement du Rif passe par la dépénalisation de la culture du cannabis, dont on trouve la plus grande concentration dans la région.
C’est ainsi que dès 2010 furent menées, au niveau du Laboratoire de recherches et d’analyses techniques et scientifiques (LARATES) de la Gendarmerie royale et de l’Institut national de recherche agronomique (INRA) et ce dans les régions d’Agadir, de Sefrou, de Sidi Allal Tazi et de Béni Mellal, des expérimentations autour de trois variétés de chanvre à fibre réputées faibles en THC, le principe actif du cannabis, et à ce titre autorisées par exemple dans l’espace de l’Union européenne (UE).
Mais le véritable tournant a été le retrait, le 2 décembre 2020, par la Commission des stupéfiants des Nations unies (CND) du cannabis de la liste des stupéfiants ayant un potentiel d’abus fort et des effets nocifs importants, ouvrant dès lors la voie au Maroc à légaliser la culture de la plante sans avoir à se faire traiter de narco-État -sauf bien sûr par la junte algérienne et les médias qui lui sont affidés, qui s’en donnent à coeur joie depuis la publication du projet de M. Laftit.