vendredi 29 novembre 2019

Les « fake news », un défi éthique mondial

Les « fake news » sont un défi éthique mondial en ce sens que la diffusion d’une information, vraie ou fausse, est devenue un « jeu d’enfant », a assuré le Directeur général de l’Agence marocaine de presse (MAP), Khalil Hachimi Idrissi.

« La réponse à une fake news doit être instantanée et sur tous les supports. Plus que la traçabilité de la fake news, c’est l’instantanéité de la réponse qui est primordiale », a assuré M. Hachimi Idrissi dans un entretien accordé à la Revue de la Gendarmerie Royale à l’occasion du 60è anniversaire de la MAP.

Selon lui, le combat de la fake news est quasiment un nouveau métier et requiert, notamment, des compétences nouvelles, un cadre légal favorisant la tolérance zéro, la réactivité, la diligence et l’enquête experte pour déterminer les responsables des fake news et leur faire assumer par la loi leurs responsabilités quand les préjudices sont établis.

« L’essentiel est que notre pays doit disposer d’une vraie stratégie en matière d’Education aux Médias (EAM) en direction des jeunes publics », a affirmé M. Hachimi Idrissi, qui a décortiqué en six points le sujet de « l’Information face aux nouveaux enjeux de la société ».
Par ailleurs, le DG de la MAP a estimé que la Gendarmerie Royale, comme les autres services de sécurité, a un rôle central à jouer en faisant respecter l’État de droit en ne tolérant aucun délit dans cette sphère.

« Aucun diffamateur ou auteur d’un délit ne doit se sentir protégé, par son clavier ou par son anonymat, quand il commet des actes répréhensibles », a-t-il affirmé dans cet entretien publié dans le 62è numéro de la Revue de la Gendarmerie Royale.

Faisant un tour d’horizon du paysage médiatique marocain actuel, M. Hachimi Idrissi a estimé que la transition numérique a eu un double impact en ce sens qu’elle a modernisé et simplifié les outils de production et de captation, donnant lieu à l’apparition de nouveaux acteurs et de nouveaux métiers.
Toutefois, a-t-il expliqué, la généralisation de l’outil internet et l’essor de la gratuité de l’information posent de nombreuses interrogations sur la sortie du métier de journaliste du cadre strictement professionnel. « Tout le monde est devenu journaliste avec une appellation de +journalisme citoyen+ qui cache mal que ce journalisme est principalement le fait d’amateur et qui relève principalement de la liberté d’expression », a constaté M. Hachimi Idrissi.

Ce « big-bang médiatique » a conduit aussi, au Maroc comme ailleurs, à un effondrement du modèle économique des médias sans qu’un nouveau modèle apparaisse, a-t-il fait valoir, affirmant que les médias sont aujourd’hui « condamnés à l’inventivité pour survivre ».

Au volet des évolutions technologiques qui impactent la majorité des agences de presse, M. Hachimi Idrissi a indiqué que les agences sont devenues globales. « C’est pour cela que la MAP est devenue une agence 360° qui fait du texte, de la presse, de l’édition, de l’infographie, de la photo, de la transmission, de la radio, de la télé », a-t-il tenu à souligner.

La mission légale de l’agence nationale consiste à ne pas laisser un des champs ou segments médiatiques vide ou sans apport, à en croire le DG de la MAP, qui invoque deux raisons principales à ce déploiement stratégique, à savoir conforter la souveraineté nationale en matière de l’information face à une déferlante des réseaux sociaux et constituer une vraie porte d’entrée à un redéploiement du service public d’information redéfini.

La MAP a choisi d’être présente en force dans les réseaux sociaux, selon son directeur général, aux yeux duquel « déserter cet espace » équivaudrait à s’exposer à de « grosses déconvenues ».
La mission de l’agence est aussi de porter la voix du service public marocain dans cet espace, « pas avec de gros sabots » mais en maîtrisant les codes, les techniques et les vecteurs, a-t-il renchéri.
S’agissant des cadres légaux encadrant la profession, dont la Charte nationale pour l’éthique de la profession de journaliste, M. Hachimi Idrissi a indiqué qu’il incombe désormais au Conseil national de la Presse (CNP) de veiller à l’application de ladite charte et de faire jouer ses attributions dans le but « d’immuniser, sans faillir, avec audace et détermination, le secteur contre toutes les dérives éthiques ».

« Y réussira-t-il ? L’avenir proche nous le dira », s’interroge-t-il.

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