Les officiels ont célébré le lancement de la ligne avec un gâteau spécial © david le deodic
Après des années d’efforts, le pont entre le Béarn et le Maroc devient réalité. La compagnie Air Arabia assure, depuis vendredi, un vol par semaine pour 174 passagers
Les palmiers palois du boulevard des Pyrénées tutoient désormais ceux qui servent de carte postale aux sommets enneigés de l'Atlas. La ligne aérienne entre Pau et Marrakech est née. Le premier vol a eu lieu, vendredi soir.
Il a permis le transport d'une délégation paloise portée par le président de la CCI, Patrick de Stampa, et le retour de la représentation marocaine. Depuis deux jours, celle-ci était accueillie dans la cité royale du Béarn. À sa tête : le ministre délégué au transport, Mohamed Najib Boulif. On croisait aussi la consul du Maroc à Toulouse, Myriem Nagi ou encore la directrice générale de la compagnie Air Arabia Maroc, Laïla Mechbal.
Sur le terrain, ceux-ci ont pu constater « le potentiel » susceptible de renforcer les liens de part et d'autre de la Méditerranée. Ils ont ainsi visité Turbomeca, le 5e RHC et l'École supérieure de commerce, rencontré des représentants de la filière équine, échangé avec la communauté marocaine présente à Pau.
Économie et tourisme
À entendre les prises de parole organisées peu avant l'envol, toutes les bonnes volontés se manifestent pour tenter de renforcer les échanges. C'était notamment le sens de l'intervention du maire François Bayrou. « J'exprime tout le plaisir et l'espoir que nous mettons dans la création de cette liaison. Elle n'est pas seulement aérienne. Mais aussi économique et touristique. Je suis persuadé que ce sera un grand succès. C'est une chance que nous voulons saisir. »
Sans la persévérance de Patrick de Stampa, nul doute que ce pont aérien n'aurait jamais vu le jour. Ces trois dernières années, le président de la CCI s'est rendu à huit reprises dans le bureau de la directrice d'Air Arabia pour la convaincre. Alors qu'il n'y avait pas grand monde autour de lui pour parier un kopek sur la création de la ligne, il a pu compter sur le discret et efficace soutien du colonel William Vaquette, commandant du groupement de gendarmerie des Pyrénées-Atlantiques.
Le militaire, apprécié à Pau pour ses qualités humaines, avait été en poste à l'ambassade de France, à Rabat, entre 2009 et 2013, comme officier de sécurité. Il entretenait des relations privilégiées avec les autorités, notamment pendant la période difficile des attentats de Marrakech. Le roi Mohamed VI l'a même décoré de titres équivalents à la Légion d'honneur et à l'ordre national du Mérite.
Toujours très humble pour expliquer la façon dont les réseaux ont été activés, il préfère lâcher sobrement : « Je suis à Pau mais mon cœur est toujours au Maroc. » Patrick de Stampa, le ministre et la consul lui ont, chacun à sa façon, rendu hommage.
80 % de taux de remplissage
« Je ne connaissais pas Pau. Nous avons des points communs », confiait Laïla Mechbal. « Nous espérons ouvrir d'autres routes. Peut-être vers Casablanca ou Fès. On verra. Pour l'instant, il faut observer le marché. Mais il y a beaucoup de potentiel. Ce premier vol affichait un taux de remplissage de 71 %. Les suivants sont déjà à 80 %. »
De son côté, Mohamed Najib Boulif, tout en se souvenant de sa découverte de Pau en 1983, envisageait déjà d'autres perspectives : « C'est une nouvelle étape de coopération entre Pau et Marrakech, entre le Maroc et la France. Le gouvernement marocain accompagne toujours ce type de proposition avec Air Arabia. C'est une plus-value qui mérite d'être soutenue. Il y a même d'autres pistes de développement avec les entreprises de l'aéronautique ou de l'agroalimentaire. »
En écoutant les uns et les autres, Patrick de Stampa affichait le sourire des grands jours. « Cette histoire montre bien qu'il faut aller chercher le business et ne pas attendre qu'il tombe tout seul. » À quelques mois de la fin de la concession de l'aéroport à la CCI, c'est royal.
mode d’emploi Les vols entre Pau et Marrakech ont lieu tous les vendredis. Départ de Pau à 19 h 25. Arrivée à Marrakech à 20 h 50. Retour pour Pau, à 15 h 15. Arrivée à 18 h 35. Le tarif d’appel est de 29 euros l’aller simple. Comptez une centaine d’euros (aller-retour) en dehors des conditions exceptionnelles. La compagnie Air Arabia a été créée en 2009.
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