« Nous nous réjouissons de pouvoir annoncer la fin du régime de tutelle et du Protectorat et l’avènement de la liberté et de l’indépendance ». C’est avec ces mots que le sultan Sidi Mohammed Ben Youssef a inscrit le Maroc au panthéon des grandes Nations !
Et c’est dans l’indifférence la plus totale que le peuple marocain a célébré dimanche 18 novembre 2012 l’anniversaire de son Indépendance.
C’est à l’occasion du discours de la Fête du Trône, le 18 novembre 1955, que Mohammed V s’exclama « Le Maroc sort du petit jihad pour s’engager dans le grand jihad » et affirma sa farouche détermination à construire un Maroc moderne et prospère. Au-delà du « discours de la Tour Hassan », le 18 novembre restera une date clé pour le Mouvement nationaliste. En 1927, un 18 novembre, Sidi Mohammed Ben Youssef est intronisé Sultan du Maroc. Six ans plus tard, à Salé, l’un de ses cousins et par ailleurs éminent Juge et savant : le Cadi Sidi Mohammed Bendriss Alaoui eut l’idée de commémorer la Fête du Trône, à l’instar de la Monarchie britannique. Cette fête rencontra un succès inespéré et représenta, tout au long du combat contre le colonialisme, un événement majeur de la construction de notre Nation. La date du 18 novembre accompagna durant des années le Mouvement nationaliste, et c’est à cette occasion, en 1956, avant même l’annonce officielle de la part du gouvernement français, que le sultan Sidi Mohammed Ben Youssef prononça l’Indépendance de son pays et du peuple marocain. Le discours de la Tour Hassan a également fait acte de la volonté du défunt Souverain d’entamer la construction d’Institutions démocratiques. Un dialogue historique prend place alors dans nos esprits quand Sa Majesté le Roi Mohammed VI inscrit lors du discours du 9 mars le choix démocratique comme Constante de la Nation, restant fidèle à l’orientation fixée par son illustre et regretté grand père. Oui, le Maroc a toujours revendiqué avec fierté son identité libérale, profondément moderniste, pluraliste. Oui, le Maroc a toujours défendu sa politique d’ouverture sur l’Autre, sa culture de la Tolérance. Oui, le Maroc n’a jamais trahi ses douze siècles d’Histoire plurielle. Mohammed V n’avait il pas lors de son célèbre « Appel du 3 septembre 1939 » prit l’engagement solennelle de lutter aux côtés des alliés pour combattre ces ignominies, ces infamies qu’étaient, et que sont toujours, le nazisme et le fascisme ? Mohammed V, et Mohammed VI aujourd’hui, n’incarnent ils pas, mieux que personne, le visage d’un Etat moderne ? Parfois, les grandes Nations ont rendez vous avec la noblesse, avec la grandeur. Le 3 septembre 1939 puis le 18 novembre 1956, Mohammed V a répondu présent à ces rendez vous de l’Histoire, à ces rendez vous de l’Humanité. Car oui, le Maroc n’est grand que lorsqu’il l’est pour les autres.
Cependant, cette Fête est aussi l’occasion d’établir un triste constat. La flamme patriotique est éteinte dans notre pays. Ni allégresse, ni joie, ni fierté d’appartenir au peuple marocain ne s’est manifesté lors de la commémoration de cette Fête. Les patriotes morts pour cette noble cause, les martyrs de l’Indépendance, les oubliés du Mouvement nationaliste, ne méritent ils pas leur jour de Gloire ? Ne devons nous pas notre prospérité, notre niveau de développement, notre « exception marocaine » à cette génération sacrifiée sur l’autel du patriotisme ? Au nom de l’Honneur, au nom d’une certaine idée du Maroc, des centaines et des centaines de marocaines et de marocains ont donné leurs vies pour que « vive » le Maroc ! Nous assistons tout simplement au déclin du patriotisme dans notre pays, un lien, jadis solide, se brise peu à peu entre les citoyens et leur Histoire. Le sentiment d’appartenance à la communauté se définit par des rituels, des commémorations, le partage d’une Histoire commune, d’une même identité. Aujourd’hui ce sentiment s’effrite dans l’indifférence des partis politiques, de la société civile et des intellectuels marocains.
La jeunesse n’a t-elle pas le devoir de se souvenir ? Le travail de mémoire est indispensable, car comme le disait John Fitzgerald Kennedy « on connaît une Nation aux hommes qu’elle produit, mais aussi à ceux dont elle se souvient et qu’elle honore ».
Les marocains du monde savent, mieux que quiconque, que la fête de l’Indépendance est un événement majeur dans l’ensemble des pays occidentaux, notamment aux Etats-Unis où le 4 juillet est quasiment un jour sacré !
Le 18 novembre doit lui aussi être sacré ! C’est un jour pour se remémorer leur combat héroïque, leur idéal d’un Maroc libre et indépendant. Il y a des jours qui comptent plus que d’autres dans la construction d’une Nation. Soyons patriotes, soyons dignes, soyons Marocains et ayons l’humilité de rendre Hommage à ces martyrs de la Liberté !
« Free at last ! Free at last ! Thank God Almigthy we are free at last … »